PRINTEMPS

Extraits tirés de l'ouvrage «la voie du ciel» Claude LARRE 

«SUWEN 2»

Commencement du Printemps ; commentaires

« Le Soleil donne le branle. Le premier mois éclate avec le bourgeon qui s'ouvre. Dans les hauteurs, la présidence passe à l'Empereur croissance lumineuse, assistée de son génie Poussée végétale. Le nombre 8 évoque les vents et huit est le nombre de la saison. Les vents qui sont huit récapitulent le vent, qui va bien au Printemps. La saveur est acide, comme la sève, l'odeur est celle du suint. Les animaux, dont l'enveloppe est d'écailles, s'apparentent au bourgeon dur, souple, articulé des végétaux.

Le premier mois du Printemps occupe les deux périodes : commencement et pluie. Le commencement est l'établissement augural du printemps. Il est suivi d'une période d'ouverture. Le ciel, où se sont amassées des nuées, chargées de vapeurs d'eau, libère cette puissance de vie et la pluie tombe(5).

Au deuxième mois s'accentue la vertu printanière : quand vient le réveil des insectes (6), le pêcher commence timidement à fleurir et le loriot à chanter. Les hirondelles font le printemps, on songe aux unions, aux concubines fécondes. Le tonnerre donne de la voix. Le Yang, par l'équinoxe de printemps (7), montre plus visiblement qu'il monte pour l'emporter. La fête se prépare, on s'active, poussés par une fièvre légère. Les chants des travailleurs s'élèvent, en accord avec ce réveil printanier.

Le troisième mois est celui de la pure lumière (8) et de la pluie des céréales (9). Il faut penser aux morts, en ce temps de nouveau départ de vie, parce que les récoltes dépendent du ciel. On est désireux de ne pas contrarier l'élan naturel à vivre, en laissant autour des tombes mal entretenues des âmes errantes affamées ou mécontentes.

traduction

« LES TROIS MOIS DU PRINTEMPS SONT APPELÉS : JAILLIR ET DÉPLOYER.

CIEL ET TERRE ENSEMBLE PRODUISENT LA VIE, LES DIX MILLE ÊTRES, DE LA, SONT VIVIFIES.

A LA NUIT, ON SE COUCHE ; A L'AUBE, ON SE LÈVE.

ON ARPENTE LA COUR A GRANDES ENJAMBÉES, CHEVEUX DÉNOUES, LE CORPS A L'AISE,

EXERÇANT LE VOULOIR POUR LA VIE : FAIRE VIVRE ET NE PAS TUER ;

DONNER, NE PAS ÔTER ; RÉCOMPENSER, NE PAS PUNIR ».

Le divorce du ciel et de la terre a été consommé au cours des trois mois de l'hiver. Une reprise des relations, de vie commune s'accomplit. Jaillir et déployer, c'est faire éclater la vie. Plutôt une vivification qu'un épanouissement et pas encore le resplendissement somptueux, réservé aux mois de l'été et s'attardant à l' Automne.

Une marche élastique, des mouvements souples font pénétrer à l'intérieur des muscles les souffles du printemps ; il est bon de rendre aux muscles leur élasticité et leur souplesse, après la longue immobilisation de l'hiver. La tête et le corps tout entier doivent être dégagés. Ce qu'il y a d'alerte et de vif dans les souffles du Printemps circulera ainsi, les muscles étant plus particulièrement concernés par la saison.

Le Vouloir qui est toujours pour la vie, dans l'homme, s'exerce à partir des souffles printaniers comme dans les végétaux ou chez les animaux.

traduction

«C'EST LA CORRESPONDANCE AUX SOUFFLES DU PRINTEMPS,

C'EST LA VOIE QUI ENTRETIENT LA POUSSÉE DE LA VIE.

ALLER A CONTRE COURANT PORTERAIT ATTEINTE AU FOIE ;

CAUSANT, A L'ÉTÉ, DES ACCIDENTS DUS AU FROID,

PAR INSUFFISANCE DE L'APPORT A LA CROISSANCE ».

L'homme, en méconnaissant les souffles propres de la saison du printemps (souffles du foie), tourne le dos à l'élan de la vie ; il blesse le zang ou organe du printemps : le foie.

L'atteinte, invisible mais sûre, se révèlera à l'été. Au lieu d'être en plein développement, très allant, portant la tête haute (comme le fait l'été), l'Être vivant blessé au printemps attestera la dévitalisation par une croissance faible. Elle est un accident du froid. Le coeur qui est feu tombe quand le foie qui est bois vient à manquer ; l'Été n'étant que l'accomplissement du Printemps.

La MTC est préventive. La prévention commence par l'obéissance aux impératifs de la vie dont le premier  est de reconnaître le mouvement propre du yin et du yang qui, au Printemps, à l'Été, à l'Automne, à l'Hiver soulève, exalte, abaisse et ensevelit la communauté des vivants. Les animaux sauvages le savent. L' Homme a bien de la peine à reconnaître sa dépendance ».


Extraits tirés de l'ouvrage de JM EYSSALET  «les cinq chemins du clair et de l'obscur» Guy Trédaniel éditeur

Le printemps, chun, étymologiquement Plante -cao-  s'efforçant -tun- de percer au Soleil (Kyril Ryjik R295).

«L'égalité du Jour (à la nuit) ainsi que l'étoile oiseau (niao) servent à fixer le milieu du Printemps (Équinoxe).Alors les hommes se dispersent (dans les champs) et les animaux s'accouplent. (Tr. Lavier p.55 Uranologie chinoise). On voit que dans l'antiquité les Chinois considéraient les Equinoxes etles Solstices non comme le début des Saisons, ainsi que nous le faisons aujourd'hui, mais comme leur apogée et leur centre ; les saisons commençaient un mois et demi avant et finissaient un mois et demi plus tard.

Le Su wen explique l'expression du Printemps sur Terre :  Les 3 mois de Printemps évoquent un déploiement (fa chen); l'Univers est en gésine, la création est dans son éclat. On se couche tard, se lève tôt, on sort de sa demeure, dénoue sa chevelure, se met à l'aise, on goûte la vie. C'est l'époque où la vie se donne, ne se retire pas, on offre, on ne pille pas, on récompense, on ne châtie pas. Le Dao répondant au Printemps est Soigner la Naissance (Yang sheng).

Aller à l'encontre blesse le Foie et des altérations de refroidissement apparaîtront dans la saison suivante, qui aura été accueillie avec un souffle diminué....

Ce déploiement, celui de la foudre (ou celui des armées pour lequel le terme est souvent employé) s'associe à la vie naissante, la complicité entre les mains de l'homme et l'arbre...Ici la libération des mouvements et la générosité vont nourrir la vie (Yang sheng). Le printemps dont l'équinoxe est fixé par l'apparition de l'étoile de l'oiseau (Niao) pour nous Regulus, étoile de la constellation du Lion qui représente l'envol et la puissance des quatre saisons.

La date d'ouverture du Printemps est aussi celle de la nouvelle année et représente le retour manifeste du yang dans la phase montante du Tai Ji. Elle se situe au lendemain de la nouvelle Lune la plus proche du 4 Février. On compare la pleine Lune du Nouvel An à une perle qui sort de sa gueule (Dragon) : lorsque la perle est sortie, le Dragon s'agite et ne dort plus... le Dragon c'est l'harmonie. C'est le Germeur.

 Ce qu'on nomme le dragon germe C'est le yang au coeur du yin Ainsi quand le Dragon s'élève les nuages montent.

Le Dragon évoque ici non seulement le petit œil yang au coeur du yin, mais aussi l'eau (yin) activée secrètement par le yang : elle forme des nuages et elle monte. La même image, très utile pour notre compréhension de la physiologie par la suite, est incluse dans la montée de la sève des végétaux, du sang chez l'homme, la montée de la vie et du désir dans la nature tout entière.

Ce mouvement d'ascension du Dragon est lié au hui feng, le vent tourbillonnant, celui que mentionne le Zhuang zi au chapitre 1 : quand (l'oiseau) peng se dirige vers l'océan méridional, il fait jaillir l'eau sur une longueur de trois mille stades. Il s'élève en spirale soutenu par un vent ascendant de quatre vingt dix stades.(tr. Liou Kia Hway).

Ce mouvement torsadé, en corne de bélier, c'est l'envolée créatrice qui anime l'eau et s'élève vers le feu, c'est le Souffle qui vit dans le Foie de l'homme et le fait vivre. S'opposer à son ascension, c'est s'exposer à figer en soi les rapports énergétiques,c'est se refroidir ».

 

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