LA VESSIE - PANG GUANG -

 Source Jean Schatz - Claude Larre - Elisabeth Rochat de la Vallée - «Aperçus de MTC». P 240- 242

« La vessie se dit PANG GUANG.

 

 L'idéogramme guang semble évoquer l'aspect brillant, nacré de sa paroi. La vessie appartient aux fu de transmission et transformation. Cependant les textes disent que « les eaux de la vessie seules sont claires », alors que les autres fu liés au tractus digestif, à savoir l'estomac et les intestins, sont troubles.

 Cette qualification de claires des eaux de la vessie, ainsi du reste qu'un de ses surnoms : fu du Jing et des liquides, font écho à certains surnoms de la vésicule biliaire : fu du clair médian et fu du jing médian, ou du triple réchauffeur : fu du clair médian. Par ces appellations sont rappelés les rôles prééminents que ces trois viscères jouent dans la physiologie chinoise.

 Les notions de clair (Qing) et de Jing font jeu de mot en chinois et s'évoquent l'une par l'autre. Elles sont liées ici à la relation fondamentale qu'a la vessie avec le devenir des liquides interstitiels, les JIN YE. Le Su wen, au chapitre 8, dit en effet que les jin ye se cachent  à la vessie, y sont thésaurisés.

 Citons un commentaire qui résume le devenir des aliments dans le défilé du tube digestif :

 « Les liquides et les céréales entrent à l'estomac. Il y a pression, tamisage et séparation des sucs ; ça longe le réchauffeur inférieur et se distille par égouttement et entre à la vessie. C'est ainsi qu'elle est l'endroit où se thésaurisent les jin ye ».

 Ce commentaire montre bien que le bol alimentaire, après avoir été tamisé dans les intestins, voir ses éléments les plus précieux récupérés par la grande circulation sanguine pour être présentés en dernière analyse à la vessie.

Ce rôle sélectif sur les jin ye se distingue donc de celui du rein lui même qui est lié plus particulièrement aux mécanismes de l'énergie Jing, énergie essentielle. Pour la physiologie chinoise, le couple rein/vessie se tient donc à deux pôles physiologiques différents mais complémentaires. L'énergie essentielles Jing concernée par les reins est destinée à alimenter les parties les plus nobles de l'individu et en particulier à assurer la dynamique de la circulation cérébrale ainsi que la reproduction.

 Les JIN YE, cachés et récupérés, font partie de ces mécanismes intermédiaires situés dans le vide médian du corps, c'est à dire au niveau des espaces mésenchymateux.

 Cependant, dire que la vessie est le fu du Jing et des liquides rappelle les reins et l'énergie Jing. Et dire que les reins commandent à tous les liquides du corps rappelle la vessie et ses jin ye. C'est dire que l'on a toujours séparation et intrication secondaire des fonctions.

 

 Pour le devenir de ces jin ye, deux viscères ont donc une importance particulière :

 le poumon qui en assume la descente et

 la vessie qui les réinjecte dans la grande circulation.

 La vessie, en bas, contrôle tout le devenir des jin ye dans l'organisme soit en les récupérant soit en permettant la formation des urines. C'est parce qu'elle contrôle en bas, à la sortie, le devenir des liquides du corps que par une sorte d'action de feed back elle intervient dans la répartition des secteurs liquidiens de tout l'organisme. C'est à ce titre qu'on comprend le rôle capital qui lui est dévolu au chapitre 8 du Su Wen quand on dit que « la vessie a la charge de l'organisation et de la répartition du territoire ».

 Ainsi la physiologie chinoise ne répartit pas les mécanismes du couple rein/vessie selon la même économie que la médecine occidentale. Nous avons vu quelque chose d'analogue au niveau du couple vésicule biliaire et foie.

 La physiologie chinoise donne à la vessie un rôle de réabsorption des éléments nobles qui est attribué, dans la physiologie occidentale, au rein. Mais en fait dans la physiologie occidentale on sait fort bien que l'on doit considérer l'uretère et la vessie comme des prolongements des tubes collecteurs du rein et cette perspective est aussi exacte du point de vue fonctionnel q'embryologique.

 Par ailleurs, on reconnaît actuellement au rein une fonction endocrine qui l'apparente peut être aux mécanismes de l'énergie Jing. De toute façon, l'importance de la vessie est attestée en médecine chinoise par le rôle prééminent de son méridien, le tai yang de pied, qui concerne toute la physiologie corporelle en rapport avec le système nerveux.

 Vessie et rein ne peuvent pas d'ailleurs être séparés. Ils forment à eux deux l'élément EAU de la doctrine des cinq éléments. Les fonctions de la vessie et de son méridien, tai yang de pied, sont intimement liées à celle de son viscère associé, le rein, et au prolongement de celui ci : le méridien shao yin du pied.

 La physiologie chinoise nous apprend donc à envisager par delà les considérations anatomiques les systèmes de compénétration des grandes fonctions ».