L'INTESTIN GRÊLE - XIAO CHANG -

 Source Jean Schatz - Claude Larre - Elisabeth Rochat de la Vallée - «Aperçus de MTC». P 219- 223

« L'intestin grêle se dit Xiao Chang.

 

Présentation topographique

 

 L'intestin grêle, dans la physiologie chinoise, commence à la région du pylore, nommée You Men, porte de l'obscurité. You Men est aussi le nom du point R 21.

Il se termine à la région dénommée LAN MEN, la porte de l'interception. Lan men correspond à la valvule iléo-coecale.

 Le Ling shu, au chapitre 31, fait état d'une connaissance certaine des modalités de descriptions anatomiques : « L'intestin grêle, à l'arrière, s'appuie sur l'épine dorsale; à gauche, il s'enroule et fait des boucles en couches superposées. Il se déverse au gros intestin. (En tournant) à l'arrière, il s'appuie au nombril ».

 Un commentaire précise qu'à ce niveau l'intestin grêle a une relation dynamique avec le point VC.9 SHUI FEN, partage des eaux, séparation des eaux, qui règle la vasomotricité de la circulation abdominale.

 

Perspectives de l'action de l'intestin grêle : le clair et le trouble

 

 L'intestin grêle reçoit les liquides et les céréales, c'est à dire les aliments, qui viennent de l'estomac ; il fait progresser la digestion et procède à la séparation du CLAIR et du TROUBLE.

 

 Le clair, ce sont les liquides interstitiels, les jin ye.

 

 Le trouble, c'est les résidus et les lies (zao po), c'est à dire les matières qui vont se déverser par le gros intestin puis, à travers lui, s'évacuer au dehors au moment de la défécation.

 Si la notion de trouble est facile à expliquer par la considération du transit intestinal, celle du clair est compréhensible si l'on fait appel à la physiologie de l'absorption intestinale qui assure le transfert des matières nobles dans le circuit lymphatique et sanguin à travers les espaces conjonctifs d'environnement. Le clair de l'absorption intestinale est alors redistribué dans la circulation générale passant en particulier par le foie pour se présenter en dernière analyse au système uro génital et être excrété par les urines.

 Le clair, c'est ce qui, après assimilation, est transporté dans chaque partie du corps et enfin s'évacue à la vessie.

 

Fonctions de l'intestin grêle

 

 a) Les différentes fonctions de l'intestin grêle sont encore proposées à la compréhension du lecteur par des textes traditionnels, tels ceux du Su wen, au chapitre 8, où il est dit que « l'intestin grêle a la charge de recevoir et de plénifier ; les choses transformées en sortent ».

 Le caractère SHENG, plénifier, montre qu'il s'agit d'une intense activité physiologique que nous savons liée aux surfaces de contacts des villosités intestinales.

 Le terme de recevoir, SHOU, peut aussi se traduire par recueillir, moissonner, comme on le fait à l'automne.

Ces activités ont pour résultat de faire sortir les choses ainsi transformées, soit dans la circulation sanguine, soit dans les défilés du gros intestin.

 

 b) Ce que nous appelons la motilité de l'intestin grêle est encore décrite dans les textes anciens avec la connotation fonctionnelle habituelle aux modes d'exposition de la physiologie chinoise. Le Ling shu, au chapitre32, dit en effet que l'intestin grêle agit en tournant (hui) et en transportant (yun), faisant ainsi allusion à la disposition en anses du jéjuno iléon en même temps qu'aux mouvements péristaltiques de l'intestin grêle dans son ensemble.

 

 c) Le brassage des matériaux du chyme intestinal et la force de pression qui se développe dans la lumière intestinale provoquent un tamisage. Pression (JI) et tamisage (MI) sont les deux idéogrammes qui illustrent cette séparation du clair et du trouble...Le clair représente alors les mécanismes qui vont transférer les énergies subtiles de l'alimentation au niveau de tout l'organisme et le trouble, ce qui va permettre l'évacuation des déchets.

 Comme l'intestin grêle est aussi le viscère qui prend en charge le chyme alimentaire au sortir de l'estomac pour le projeter dans les défilés du gros intestin, dans cette perspective aussi, l'intestin grêle est surnommé «le trouble du trouble».

 

Intestin grêle et 5 éléments

 

 Dans le Nan jing, l'intestin grêle est dénommé l'intestin rouge, pour rappeler la relation qui le lie, dans la cadre des 5 éléments, à la rubrique du feu au au coeur.

 Dans le même texte, le gros intestin est nommé l'intestin blanc, faisant allusion à sa relation avec le poumon ; la vésicule biliaire est nommée l'intestin vert, faisant allusion à sa relation avec le foie, alors que l'estomac est appelé l'intestin jaune, en fonction de sa relation avec la rate et la vessie l'intestin noir, en raison de sa relation avec les reins.

 Rouge, blanc, vert, jaune et noir sont les couleurs emblématiques des 5 éléments : le rouge représente le feu, le blanc représente le métal, le vert représente le bois, le jaune représente la terre et le noir l'eau.

 

Coeur et intestin grêle

 

 La relation du coeur et de l'intestin grêle est difficile à comprendre dans la physiologie occidentale. Il est vrai cependant que pour certains cliniciens les infarctus du myocarde seraient en rapport avec des états digestifs pathologiques.

 Rappelons le aussi, le coeur et l'intestin grêle se forment dans un même mouvement embryonnaire, au cours de la 3e et de la 4e semaine de la vie intra utérine, quand l'intestin primitif se forme et que les deux tubes cardiaques s'unifient. L'intestin grêle, en particulier le jéjuno iléon, résulte alors de la portion antérieure de l'intestin primitif.

 Enfin, on a par ailleurs rapproché les fonctions autonomes de contraction de l'intestin grêle de la fonction autonome de contraction du coeur. De plus, la parenté du coeur et de l'intestin grêle peut être évoquée par la notion topographique : les anses intestinales sont dans l'axe dynamique du coeur (le gros intestin est dans l'axe dynamique du poumon).

 La relation du coeur et de l'intestin grêle n'est pas bloquée par le diaphragme, qui a autant une fonction d'unification que de séparation pour la physiologie chinoise.

 Pour conclure, disons que l'étude à la chinoise de l'intestin grêle fait la preuve de la connaissance précise, voire méticuleuse, qu'avaient les chinois des fonctions du corps humain ; même les plus cachées à l'observation directe ».